L’élaboration des substrats

Dans la culture en pot, le substrat joue un rôle vital : il doit assurer à la fois l’aération, la rétention d’eau et la disponibilité des nutriments.

Contrairement aux sols naturels, les substrats de culture hors sol n’ont pas de réserve biologique durable ; leurs propriétés chimiques et physiques dépendent entièrement du mélange initial.

Depuis plusieurs années, au sein de Bonsaï La Part du Colibri, nous avons observé le développement des arbres et avons mis au point une méthode en deux étapes. Elle repose sur un substrat de base neutre, stable et reproductible, auquel on ajoute des composts caractérisants pour ajuster le pH selon les besoins des espèces cultivées.

Cette approche s’appuie sur des travaux récents montrant que les substrats horticoles voient leur pH, CEC et solubilité nutritive évoluer rapidement au cours des cycles d’arrosage (Nerlich et al., 2021 ; Huang et al., 2025).

Arbre et son système racinaire

Phase 1 – Le substrat de base

Serre ouverte avec tables de culture pour arbres bonsaï

Le substrat de base constitue la matrice commune à toutes les préparations.

Il associe des fractions minérales et organiques équilibrées :

  • 41 % zéolithe (chabasite)
  • 19 % pumice
  • 15 % pouzzolane
  • 21 % écorce de pin compostée (ORGAPIN OP2)
  • 4 % fibre de coco compostée

Ce mélange offre un pH compris entre 6,1 et 6,3, une CEC moyenne de 18 cmol(+)/kg, et une matière organique (MO) d’environ 25 %.

La conductivité électrique (EC) reste faible (0,2–0,3 mS/cm), garantissant une stabilité chimique et un bon équilibre entre aération et rétention d’eau.

Ces valeurs sont cohérentes avec les recommandations observées en production ornementale hors sol (Cacini et al., 2021).

Phase 2 – Les composts caractérisants

Les composts caractérisants permettent d’ajuster le pH, la CEC et la part organique du substrat en fonction des exigences de l’arbre cultivé.

Voir le tableau des correspondances espèces/pH optimal.

Substrat acidophile (pH 4 – 4,5)

Destiné aux érables, azalées ou camélias essentiellement.

On augmente la part d’écorce de pin compostée et l’on ajoute du soufre micronisé (type Microthiol).

Cette combinaison abaisse le pH et stimule les micro-organismes acidophiles.

Les études sur substrats organiques (Cacini et al., 2021) confirment que la décomposition d’écorces acides influence directement la réaction du milieu.

Substrat neutre (pH 6 – 6,5) c’est le substrat de base

Profil polyvalent pour la majorité des feuillus.

On maintient la proportion de MO à 25 %.

Ce type de mélange assure une stabilité du pH et une solubilité nutritive homogène dans le temps (Huang et al., 2025).

Substrat calcicole (pH 7 – 7,5)

On introduit de la dolomie magnésienne (NF U 44-001) pour enrichir en calcium et magnésium.

Recommandé pour les essences méditerranéennes ou de garrigue.

La proportion de MO est légèrement réduite à 22–23 %, en augmentant la fraction minérale renforcée pour éviter toute acidification progressive.

Des essais menés en pépinière sur cèdre de l’Atlas et chêne vert (Guedira et al., 2021) ont montré que de tels ajustements améliorent la croissance et la structure racinaire des jeunes plants.

Le rôle de la matière organique (MO)

La matière organique agit comme un régulateur chimique et biologique dans le substrat.

Ses composés humiques assurent un effet tampon sur le pH et augmentent la capacité d’échange cationique, ce qui améliore la disponibilité des nutriments majeurs (Ca²⁺, K⁺, Mg²⁺).

Une MO bien compostée et aérée héberge une microflore active, essentielle à la santé racinaire.

Dans les substrats acidophiles, on privilégie les écorces bien décomposées ; dans les substrats calcicoles, on réduit la MO ou on la remplace partiellement par des minéraux.

Un apport de biochar (≈ 4 % v/v) au rempotage renforce la CEC, la stabilité du pH et la rétention d’eau, comme le démontrent plusieurs essais récents sur substrats horticoles recyclés (Gonçalves et al., 2024).

conclusion

La méthode en deux étapes – substrat de base puis composts caractérisants – offre un cadre reproductible et adaptable.

Elle simplifie la production tout en garantissant un équilibre physico-chimique durable.

En intégrant les données issues de la recherche horticole, elle rapproche la pratique du bonsaï d’une approche scientifique raisonnée du milieu racinaire.

Ce travail s’inscrit dans la philosophie de Bonsaï La Part du Colibri : comprendre, mesurer et transmettre les fondements d’un substrat vivant et durable.

Voir la fiche technique de préparation des substrats

Références scientifiques

  • Cacini, F. et al. (2021). Managing pH of Organic Matrices and New Commercial Substrates for Ornamental Plant Production: A Methodological Approach. Agronomy 11(5): 851.
  • Huang, Z. et al. (2025). Macronutrient Solubility in Response to the pH of Soilless Substrates. International Journal of Plant Production, 29(1).
  • Nerlich, A. et al. (2021). Soilless Cultivation: Dynamically Changing Chemical Properties of Growing Media. Frontiers in Plant Science 12: 784789.
  • Guedira, A. et al. (2021). Effet de substrats à base de compost et fumier sur la croissance de plants de cèdre de l’Atlas et de chêne vert. Journal de Botanique, 98(1).
  • Gonçalves, J. et al. (2024). Discarded Substrates from Soilless Horticulture: Chemical Evolution and Reuse Potential. Chemosphere 350: 142031

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